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  • Photo du rédacteurMarie Bartoleschi

Quand je choisis de faire de ma différence une force



Afin d’inaugurer ce blog, j’ai choisi de prendre ma plume pour y célébrer l’atypisme. Cet article a longtemps couvé en moi sans que je ne trouve les mots pour le commencer. Puis, c’est devenu une évidence que je ne pouvais le faire avec sincérité et engagement qu’à partir de mon vécu.

#cameleon #asperger #autisme #douance #Hautpotentiel

Il y a encore des parts en moi qui crient de retourner me cacher dans la sécurité de la pseudo-normalité. Cependant, je crois qu’il est important que des femmes comme moi acceptent de faire entendre leur voix et d'apporter leur pierre à l’édifice de la prise en compte de la neurodiversité.


Et je suis persuadée qu’en faisant cela je me connecte de façon profonde à ma singularité et à ma puissance personnelle. Car fondamentalement, ce qui a changé entre la jeune femme discrète et inhibée d’hier et la femme pleine de projets d’aujourd’hui, c’est simplement la façon dont je me suis alignée avec ma nature profonde.

En écrivant ce texte, j’ai choisi de vous raconter toute la beauté de cette singularité qui m’habite et que j’ai si longtemps tentée d’étouffer.


J’ai passé ma vie à m’adapter. Je fais cela très bien, avec la créativité du caméléon qui se pare des couleurs de son environnement. Je peux apprendre juste en observant longuement une personne, par mimétisme et intégrer son comportement comme une éponge. Toute ma vie je me suis employée avec efficacité à passer inaperçue. Je n’avais pas vraiment conscience du fait que je m’abimais à me contorsionner pour rentrer dans le moule, un peu comme une voiture qui roulerait en permanence avec le frein à main. Un jour, épuisée de fonctionner en sous-régime, j’ai laissé tomber les armes du camouflage avec fracas. Depuis, je n’ai cessé de me transformer et d’apprendre à accueillir mon fonctionnement particulier.


Au début, lâcher la suradaptation a réorienté mon énergie et a permis à mes capacités cognitives de se réveiller à ma plus grande surprise. La première étape a été de faire diagnostiquer ma douance, puis cette année mes traits Asperger. Quel bonheur de comprendre ces fonctionnements particuliers, de les intégrer et de les laisser se développer ! En observant les autres zèbres ou Aspergers, je comprenais que je pouvais desserrer la bride de mes mécanismes d’adaptation et d’inhibition sans avoir peur de l’intensité intellectuelle et émotionnelle qui m’animait.


Certaines choses dans les rapports et les codes sociaux m’échappent parfois. Je vis dans ma bulle. Je suis d’une naïveté sans filtre. Cette caractéristique m’apporte un regard d’une grande candeur sur la vie et les choses. Je garde en moi cette capacité presque enfantine de m’émerveiller devant la beauté d’un paysage, la douceur d’une caresse ou la musicalité des mots. Mon hypersensibilité ne trouve d’ailleurs de répondant que dans ma sensitivité. Je fatigue vite et j’ai besoin de m’isoler souvent. La dernière fois que j’ai assisté à un concert, j’ai dû restée deux jours enfermée dans le noir pour récupérer. Je suis passionnée par les structures psychiques. Je les imagine, je les ressens comme se déployant devant moi en relief, avec toute la beauté de leur complexité. Certains espaces ont l'acidité de la douleur et d'autres la douceur du cuir tanné. Je sais aujourd'hui que ce mélange des sens que j'utilise pour visualiser des concepts intellectuels s'appelle la synesthésie. C’est dans cette matière vivante imaginative que je puise des outils originaux d'accompagnement, que j’invente des protocoles spécifiques à la croisée des disciplines pour accompagner mes clients. Ma sensibilité est à fleur de peau derrière ma façade un peu froide. Depuis que je ne vis plus coupée de mon monde intérieur c'est comme si l'on avait branché le son dolby stéréo et ajouté la couleur dans mon film en noir et blanc. Et pourtant de l'extérieur, je n'ai pas spécialement changé et la plupart des personnes qui me fréquentent ne se rendent pas forcement compte de la révolution intérieure qui m’anime. Une révolution à fleur de peau, à fleur de mots...


Désormais j'accompagne les processus de transformation et de guérison. Je peux passer des heures et des heures à en étudier et à en expérimenter le moindre petit détail. Ce fonctionnement m’apporte l’attention d’un chef d’orchestre à leurs rythmes et leurs symphonies. Ma créativité dans ce domaine est sans fin et elle me fait flirter avec des disciplines très diverses.… Aujourd’hui, j’ai compris qu’il me suffit de plonger dans cet océan de potentiels, de coupler cette compréhension avec mon hypersensibilité, pour devenir une accompagnante qui fait la différence.


De nombreux défis m’attendent face à une société qui comprend encore mal les différences et nous apprend à les rejeter. J’ai conscience que pour le moment, je n’ai entrevu que la pointe de l’iceberg des changements que je dois impulser jusqu’à la moindre cellule de mon organisme pour libérer le bouillonnement qui couve en moi et tous ces potentiels en sommeil sous la suradaptation. Plutôt que de souffrir de mon hypersensibilité extrême ou de l'inhiber, j'en fait chaque jour un peu plus une amie fidèle et complice qui me guide. J’ai appris à poser mes limites et mes besoins spécifiques pour inviter l'autre à les respecter. J’accompagne l’atypisme car on dit souvent que l’on attire les clients qui nous ressemblent. Parce que j’ai fait et je fais encore ce chemin moi-même, je sais que quand quelqu’un rentre dans mon cabinet avec le sentiment d’être rejeté à cause de ses différences, je dois d’abord l’amener à cheminer pour s’accepter lui-même. Nous laissons souvent les autres nous traiter de la façon dont nous le faisons avec nous-même. Apprendre à retourner le regard sur soi, sur la blessure que réveille l’autre, sur les limites que l’on ne pose pas plutôt que de pointer un doigt accusateur sur lui est la première étape pour redevenir acteur de sa vie et de son évolution.


Ce parcours est celui de toute une vie après la suradaptation qui a été la mienne pendant de si nombreuses années. Cependant, je sais que l’avenir m’appartient parce que je choisis de faire de ma différence une force et un moteur de transformation. En tant que coach, je rencontre bien trop souvent des hommes et des femmes qui n’osent pas embrasser leur singularité et leur puissance personnelle. Hypersensibles, autistes, hauts potentiels, originaux de tous bords… Ils passent leur temps à se contorsionner, à étouffer le bruit de leur intensité pour rentrer dans un moule qui de toute façon ne sera jamais adapté plutôt que de développer leurs potentiels. J’ai longtemps été de ceux-là, jusqu’à ce que le cri soit trop fort pour ne plus être entendu. Plus nous serons nombreux à porter haut et fort les couleurs de nos diversités et à créer des activités originales qui nous ressemblent, plus nous pourrons impulser les changements nécessaires à la société. Même s'il s'avère difficile, le premier pas se révèle souvent être la première pierre d’un chemin d’évidences…


Désormais, plutôt que d'étouffer le bruit en moi, je préfère jouer ma symphonie particulière au milieu des musiques du monde...



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