Marie Bartoleschi
Plonger au coeur même de notre insécurité

Lorsque nous souffrons d’insécurité, nous avons tendance à vouloir par tous les moyens la fuir. Nous sommes tentés de chercher à l’extérieur des éléments de rassurance et de pallier ainsi notre manque de sécurité intérieure.
Et tout en fuyant notre vécu intérieur, nous pouvons chercher à nous mettre au contact de situations nous la faisant revivre afin de la transcender. Nous ne savons finalement pas faire autrement que de nous abimer dans cette quête sans fin de sécurité dans un environnement incapable d’y répondre. Nous passons notre temps à reproduire l'expérience insatisfaisante dont nous avons fait l'expérience précédemment. Cela me fait penser au mythe de Sisyphe. Condamné par les dieux pour avoir osé les défier, Sisyphe se retrouve à pousser sans cesse un rocher jusqu'au sommet d'une montagne du Tartare. Chaque fois qu'il atteint son objectif, la pierre retombe. Et il doit recommencer encore et encore.
Nous pouvons rester dans ces environnements insécures ou dans ces relations toxiques tant nous avons peur de l’inconnu et sommes habitué à ce sentiment de mal-être. Nos limites face à l'insécurité sont extrêmement élastiques. Finalement, nous ne savons pas comment être aimé et aimé autrement que dans la carence d’affection et de sécurité.
Tout le paradoxe est là. Nous tentons de fuir ce vide de sécurité en nous tout en nous confrontant encore et encore à des environnements insécures dans lesquels nous cherchons compulsivement de la rassurance sans jamais la trouver. L’insécurité intérieure appelle l’insécurité extérieure. Le système se nourrit lui-même.
Finalement, c’est en acceptant de ne plus nous confronter à des environnements peu sécurisants et nourrissants que nous apprenons à instaurer une solidité et une sécurité en nous bien plus profonde que celle que peut nous offrir l’extérieur. Cela nous demande de plonger au cœur même de notre insécurité.
Qu'est-ce qui me mets en insécurité ? De quoi ais-je besoin et quelles sont mes limites en terme de sécurité ? Ces réponses ne se trouvent pas dans la fuite mais bien dans l'accueil de nous-même.
En comprenant notre lien à l’insécurité et ce qui la déclenche, nous reprenons le pouvoir sur notre vie et nous prenons conscience de nos propres ressources pour nous sécuriser. Nous nous donnons assez de valeur pour prendre en charge notre besoin de sécurité et de choisir un entourage sécurisant.
Nous pouvons alors nous autoriser à vivre autre chose. L’autre n’a plus le rôle de nous guérir et de pallier à notre insécurité mais nous offre un terrain fertile pour nous déposer en sécurité.