Longtemps j'ai fui ma vulnérabilité car je pensais qu'elle grevait ma force de caractère et ma capacité à me montrer résiliente face aux épreuves de la vie. Cela a été une véritable quête de moi-même que de me connecter à cette dimension là de moi et aussi une initiation professionnelle. Comment pouvais-je amener mes clients à se connecter à leur vulnérabilité sans avoir gouté à celle-ci ?
Tant et aussi longtemps que nous associons la vulnérabilité à la faiblesse nous sommes dans le rejet d'une part importante de nous-même.
Lorsque nous vivons au quotidien en mode survie, nous pouvons nourrir une véritable honte et culpabilité de nous sentir en état de victime. Et plus nous les fuyons, plus nous nourrissons nos mécanismes de défense censés les protéger. C'est un cercle vicieux qui nous amène à nous couper d'une facette de notre être. Il y a une forme de violence dans cette dissociation.
Il faut beaucoup de courage pour embrasser notre vulnérabilité. Et, c'est dans cette étreinte que se trouve l'essence même de notre puissance personnelle. Accepter notre vulnérabilité, c’est faire le chemin inverse de ce que l'on nous apprend.
C'est aussi au cœur même de cette vulnérabilité que nous trouvons une porte d'entrée pour créer un véritable lien intime à l'autre. Sans nourrir de dialogue avec notre intériorité, il est presque impossible de connecter à l'intimité de l'autre. Nous restons dans une forme de superficialité.
Refuser notre vulnérabilité nous contraint à rester en surface de nous-même sans jamais véritablement saisir la profondeur de notre être par peur d'amoindrir notre pouvoir. Nous restons soumis à nos blessures profondes et aux systèmes défensifs qui les cachent.
Pouvoir et vulnérabilité sont deux forces qui s’équilibrent et qui se nourrissent l'une et l'autre comme des vases communicants. Ils forment une structure unique qui nous permet de ne pas basculer dans l'excès de victimite ou de toute puissance. Deux espaces où nous perdons notre souveraineté.